Un acte de foi : comment prendre une décision de carrière tardive pour poursuivre un rêve professionnel

Même s’il savait exactement quel type et quel niveau de poste il recherchait, M. Daly n’avait pas officiellement présenté sa candidature et n’avait même pas discuté de ses aspirations professionnelles avec un collègue. Au cours de ses recherches, il a appris quelque chose d’étonnant et même d’un peu décourageant : les chances pour lui de passer avec succès du monde des affaires au secteur de l’enseignement supérieur étaient d’environ 100 contre 1.

Rueben Cohen, directeur général et responsable pour les États-Unis, Centre international de carrière pour cadres supérieurs (ICEO) de LHH
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Après avoir travaillé durant 30 ans pour la même entreprise, Ken Daly a pris sa retraite d’un emploi qu’il adorait pour faire un saut dans l’inconnu.

Au début de 2019, M. Daly, directeur de l’exploitation de la compagnie d’électricité américaine National Grid, une des plus grandes sociétés énergétiques au monde, a ressenti le besoin de relever un nouveau défi pour la prochaine étape de sa carrière. En fait, il ressentait ce besoin grandissant depuis quelque temps déjà.

Depuis presque le début de sa carrière dans le secteur de l’énergie, M. Daly a manifesté une véritable passion et un profond engagement à l’égard de l’enseignement supérieur. En plus de son emploi de jour exigeant, il a enseigné aux niveaux secondaires et postsecondaires durant près de 30 ans, mis en œuvre des initiatives pour promouvoir l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques et siégé au conseil d’administration de plusieurs universités. Au fond de lui, il avait toujours considéré ces activités comme les « pierres d’assise » d’un futur changement de carrière.

C’est donc dans ce contexte qu’à 53 ans, pourvu d’un curriculum vitæ très riche en connaissances techniques et financières de l’industrie du gaz et de l’électricité, M. Daly a décidé qu’il était temps pour lui de faire quelque chose que peu de cadres de son âge et avec son expérience envisageraient de faire : il s’est donné corps et âme à la réalisation du rêve d’une vie, celui de devenir recteur.

« National Grid m’a offert un soutien incroyable dans ma transition de carrière, souligne M. Daly. Tout comme mon épouse et mes enfants. Ils ont éprouvé des sentiments mitigés lorsque je leur ai annoncé la nouvelle. Depuis qu’ils sont nés, mes enfants m’ont toujours connu comme étant "M. National Grid". Ils étaient tristes de me voir quitter un poste qu’ils savaient que j’adorais, mais ils connaissaient aussi le grand intérêt que je portais à l’enseignement. »

Même s’il était convaincu du rêve qu’il souhaitait poursuivre, il avait des doutes sur ce qu’il lui fallait pour réaliser ce rêve. Il a commencé à réaliser l’ampleur de son manque de connaissances dans les jours qui ont suivi sa retraite le 31 mars 2019, le jour même de son anniversaire.

« Pendant 30 ans, tout ce que j’ai connu, c’est l’industrie de l’énergie, mentionne M. Daly. J’adorais mon travail. Je n’ai jamais manqué une journée de travail chez National Grid. J’ai travaillé pendant 7 000 jours consécutifs. Et là, pour la première fois depuis que j’avais terminé l’école, j’allais essayer de commencer quelque chose de complètement nouveau. À bien des égards, je crois que je ne savais pas véritablement ce qu’un tel changement impliquait. »

En dépit de sa longue et fructueuse carrière, M. Daly a reconnu qu’il était pleinement conscient qu’il n’avait pas fait de recherche d’emploi depuis ses années à l’université. Comme il avait seulement postulé des postes pour obtenir des promotions internes au cours des 30 dernières années, M. Daly a admis ne pas vraiment savoir comment s’y prendre ni par où commencer pour décrocher l’emploi de ses rêves pour cette seconde carrière.

M. Daly jouissait certes de nombreux avantages lorsqu’il s’est lancé dans cette nouvelle étape quelque peu incertaine de sa carrière professionnelle. Il possédait une vaste expérience dans la direction et la transformation de grandes entreprises ayant des objectifs à leur mesure. Ses expériences comme professeur associé, membre du conseil scolaire et conseiller auprès de nombreuses écoles à différents niveaux du système scolaire confirmaient qu’il avait également clairement une vocation et un engagement profond envers l’enseignement supérieur. Il avait montré à plusieurs reprises qu’il était motivé par des valeurs personnelles profondes ainsi que sa détermination à aider les générations futures. 

Pourtant, l’ampleur du défi qui attendait M. Daly a commencé à moduler considérablement l’aspiration qu’il avait en tête, soit quelque chose de complètement nouveau pour lui après avoir passé trois décennies à se sentir en parfait contrôle de sa destinée professionnelle. Comme il allait essayer quelque chose de tout à fait nouveau, il y avait une possibilité réelle qu’il n’atteigne pas son objectif bien précis. 

Heureusement, National Grid a offert à M. Daly la possibilité de recevoir les services du Centre international de carrière pour cadres supérieurs de LHH, une société de services-conseils spécialisée dans les transitions de carrière de cadres supérieurs. M. Daly souligne qu’il a très rapidement commencé à saisir l’ampleur de son défi.

Même s’il savait exactement quel type et quel niveau de poste il recherchait, M. Daly n’avait pas officiellement présenté sa candidature et n’avait même pas discuté de ses aspirations professionnelles avec un collègue. Au cours de ses recherches, il a appris quelque chose d’étonnant et même d’un peu décourageant : les chances pour lui de passer avec succès du monde des affaires au secteur de l’enseignement supérieur étaient d’environ 100 contre 1.

Établissez un échéancier pour l’atteinte de votre objectif

« Lorsque j’ai commencé mes recherches, je savais que sur les 100 derniers recteurs embauchés dans l’ensemble du pays, un seul venait directement du monde des affaires, précise M. Daly. Traditionnellement, les candidats retenus avaient été doyens, puis vice-recteurs principaux, avant de devenir recteurs. Je savais que dans une certaine mesure je nageais à contre-courant. Alors, pour m’assurer de ne rien faire d’idiot, je me suis donné seulement un an pour poursuivre mon rêve. »

Préparez votre esprit et votre corps

Pour s’assurer qu’il était prêt mentalement et physiquement à relever les défis à venir, M. Daly a commencé ce que l’on pourrait décrire comme un camp d’entraînement de deuxième carrière. Il s’est inscrit à un cours de préparation des futurs recteurs. Il a aussi commencé à s’entraîner d’arrache-pied et à faire des exercices afin de renforcer son attitude mentale. Il travaillait à se renforcer physiquement et mentalement pour pouvoir saisir toutes les occasions qui se présenteraient à lui.

Créez votre marque personnelle

M. Daly a aussi travaillé avec son conseiller du Centre international de carrière pour cadres supérieurs afin de renforcer et de rétablir son identité à titre de candidat comme recteur. Il a accentué sa présence sur les médias sociaux, y compris sur LinkedIn, pour mettre de l’avant son rôle de leader au sein de grandes organisations ainsi que son amour pour l’éducation. Il a commencé à exploiter sans relâche son réseau dans le monde de l’enseignement supérieur, en l’utilisant pour recueillir des informations et mieux comprendre ce que l’on exigerait de lui dans son nouveau travail de rêve. 

Soyez prêt à apprendre et possiblement à chuter dès le premier obstacle 

Quelques mois après le début de ses recherches, M. Daly a déniché ce qui lui a semblé être l’occasion parfaite. St. Thomas Aquinas College, une petite université d’arts libéraux au nord de la ville de New York, dans le comté de Rockland, était à la recherche d’un nouveau recteur. Cependant, M. Daly a indiqué qu’il savait dès le départ que l’obtention de ce poste nécessiterait une courbe d’apprentissage ardue.

La rectrice précédente avait occupé son poste remarquablement durant 25 ans. Étant donné la stabilité de la direction dont l’école avait joui, il avait été décidé que le prochain recteur serait choisi à la suite d’un processus très rigoureux. L’université a entamé ses recherches avec une liste remarquable de 70 candidats internes et externes.

Renseignez-vous sur le processus de sélection et l’entrevue avant de vous lancer 

M. Daly avait toujours tenu pour acquis qu’une université à la recherche d’un nouveau recteur suivrait un processus d’embauche rigoureux et minutieux. Malgré cela, rien ne pouvait véritablement le préparer au processus de recherche exhaustif et hautement stressant entrepris par St. Thomas Aquinas College.

Après la sélection des candidats initiaux, douze d’entre eux furent convoqués pour des entrevues, qui avaient lieu dans un hôtel d’aéroport pour assurer la confidentialité. Puis, une liste restreinte de trois candidats fut rendue publique pour faire connaître aux étudiants, au corps professoral et au personnel administratif les candidats toujours en lice. Même s’il appartenait au conseil d’établissement de prendre la décision finale, les étudiants et le corps professoral ont étonnamment eu la possibilité de voter pour leur candidat préféré.

Alors qu’il ne restait plus que trois candidats finalistes, M. Daly rappelle qu’on lui a demandé de faire 10 présentations, de 20 minutes chacune, suivies d’une période de questions de 70 minutes, devant les différents électorats de l’université afin que chacun soit pleinement informé avant de voter. Son expérience de la direction et de la transformation d’organisations complexes ainsi que ses connaissances approfondies de l’enseignement supérieur lui furent fort utiles.

Mettez en valeur vos forces

« Je n’avais pas passé d’entrevues comme ça depuis 30 ans, se souvient M. Daly. Lorsque je rencontrais des gens sur le campus, j’essayais de mettre en valeur mes forces. J’avais fait beaucoup de discours en public et je crois que cela m’a aidé. Même si le monde des affaires n’utilise habituellement pas de telles tribunes ouvertes, j’étais très à l’aise avec ce processus et j’ai vraiment apprécié mon séjour sur le campus. »

Par un après-midi neigeux de décembre, au terme de toutes les réunions, de toutes les présentations et du vote, M. Daly a reçu l’appel dont il avait rêvé durant une bonne partie de sa vie d’adulte. Il avait obtenu le poste.  Il allait devenir recteur.

Après avoir pris le temps de célébrer sa nomination avec sa famille. M. Daly a intégré le poste de recteur élu durant une période de six mois avant de devenir recteur au début du mois de juillet 2020. Au cours de cette période, il a mis en place un plan de 100 jours comprenant une tournée de consultation avec chacun des employés, ainsi que quelques initiatives à effet rapide afin de créer une équipe solide et de faire des investissements stratégiques sur le campus.

Lorsque vous commencez dans un nouveau poste, préparez-vous à l’inattendu

En fait, l’arrivée de M. Daly sur le campus a coïncidé directement avec un des épisodes les plus sombres de la pandémie de COVID-19. Toutefois, d’une certaine façon, le moment ne tombait pas si mal. Dans cette situation de grande incertitude et de crainte, la formation et l’expertise de M. Daly dans le secteur de l’énergie, où les aptitudes en communication et la gestion de crise sont des compétences essentielles, ont impressionné.

« Mes 30 années d’expérience dans le secteur de l’énergie m’ont permis d’acquérir une base solide dans la planification d’urgence, souligne-t-il. J’ai dû gérer des activités malgré différents défis, comme le 11 septembre, l’ouragan Sandy et l’ouragan Maria à Puerto Rico. À l’université, j’ai immédiatement mis en place un plan COVID-19 qui ressemblait en tout point à ce que vous auriez pu trouver dans une société énergétique d’envergure mondiale. Je crois que cela nous a très bien servi. »

Peu importe votre expérience, vous avez toujours plus à apprendre

En considérant rétrospectivement cette année tumultueuse, M. Daly est demeuré étonné de tout ce qu’il avait appris, à la fois sur lui-même et sur la complexité d’amorcer une nouvelle carrière tardivement dans la vie. « Lorsque vous commencez votre carrière, les choses sont assez simples. Si vous cherchez un emploi de comptable débutant, vous avez quand même une bonne idée de ce que vous devez faire. Lorsque vous essayez de faire un changement de carrière tardif, la situation est beaucoup plus disparate. »

S’il devait conseiller d’autres hauts dirigeants désireux de faire un tel changement, M. Daly dit qu’il insisterait sur l’importance « d’être assez humble pour admettre que vous ne connaissez pas toutes les choses que vous ne connaissez pas ».

« C’est vraiment très difficile pour les personnes qui sont fortement ancrées dans leur carrière et leurs anciens postes. Il est difficile pour chacun de nous de se libérer de qui nous étions pour passer à ce que nous voulons être. Toutefois, pour faire le saut, il faut déterminer le moment où se termine un chapitre pour en commencer un autre. Pour moi, ce moment est survenu le 31 mars, ce fut mon dernier jour chez National Grid et mon premier jour en tant que futur recteur.

Selon M. Daly, les hauts dirigeants qui font un changement de carrière tardif doivent avant tout faire preuve d’humilité afin de pouvoir assimiler et adopter de nouvelles approches qui leur permettront de trouver leur prochain poste. Ils doivent aussi s’engager à prendre une pause pour être en mesure d’entreprendre le périple qui les mènera vers la prochaine grande étape de leur cheminement de carrière. 

« J’ai appris très rapidement que pendant que vous rompez avec le passé, vous devez vous permettre de regarder vers l’avenir émotionnellement, admet M. Daly. À part un rêve occasionnel la nuit, je ne regarde jamais en arrière. C’est ce que les gens font pour suivre leurs passions. Pour trouver quelque chose que vous voulez vraiment faire, plutôt que quelque chose que vous pensez devoir faire. »

 
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