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Transitions collectives : la nécessité a rejoint l'éthique (Donald Fraty, DRH Airbus France)

Il nous semblait éthique et nécessaire de travailler sur les reconversions collectives et répondre à la manifestation d’intérêt lancée par le ministère du Travail
02/06/2021

« Chez Airbus , nous avons un savoir-faire en matière de conduite de projets complexes, de reconversion et de redéploiement, car c’est notre quotidien. Le projet de transition collective concerne la région Occitanie et plus spécifiquement au grand bassin toulousain.

Nous travaillons sur trois principes du change management :

  • Je sais : faire une cartographie des compétences d’aujourd’hui et de demain pour la porter à la connaissance des gens ;
  • Je veux : développer l’envie des salariés.
  • Je peux : mobiliser tous les dispositifs de formation mais aussi anticiper les problèmes de logement, de transport… »

« J’ai sollicité l’UIMM et le Gifas pour savoir si d’autres acteurs souhaitaient nous rejoindre dans la mise en place de ce démonstrateur. Nous montons ainsi une plateforme sous le lead d’Airbus mais avec Safran, Latécoère, Thales, l’UIMM. »

« Nous avons constitué sur 6 grands sous-groupes de travail :

  • Mettre en œuvre des réussites rapides ;
  • La gouvernance de la plateforme de transition collective ;
  • La logique de guichet unique ;
  • -L’accompagnateur
  • La cartographie des compétences, des métiers du futur et des parcours de formation ;
  • Les aspects communication et événementiel. »

« TransCo est a priori un outil qui n’est pas supposé fonctionner pour les entreprises en restructuration. Il faut faire évoluer ce dispositif vers une logique de plateforme territoriale. Un fléchage trop précis des salariés d’origine vers les postes à destination me semble une erreur. Et j’ai eu l’occasion de le partager avec les ministères concernés. Airbus n’a pas monté cette plateforme uniquement pour les salariés qui ont envie de se reconvertir mais aussi pour ceux qui en ont besoin. »

« TransCo s’inscrit sur un moyen terme. Sur le plus long terme, il existe les campus des métiers, qui ont une vision plus prospective. »

Intervenait également à ce webinar : Philippe Debruyne, secrétaire confédéral CFDT


« La transition collective n’est pas un outil de sortie de crise immédiat » (Philippe Debruyne)

« La transition collective n’est pas un outil de sortie de crise immédiat. C’est un outil qui permet de se redonner des perspectives dans un climat social favorable. La clef d’entrée de la problématique est : quel est l'élément modèle économique demain ? Il faut d’abord parler business avant d’essayer d’embarquer les salariés », déclare Philippe Debruyne, secrétaire confédéral CFDT.

« La question de l’empreinte et l’emprise territoriale sont le pendant de l’empreinte et l’emprise sur le devenir de la planète. Ces enjeux doivent être conjugués en permanence. Nous étions persuadés qu’il fallait s’appuyer sur des dynamiques territoriales mais qu’il ne fallait surtout pas les préempter au niveau national. »

« Il faut coordonner le “savoir, vouloir et pouvoir” à tous les niveaux : collectif, de l’entreprise, du territoire, individuel puisque ce n’est pas neutre de changer de métier et d’identité professionnelle. (…) Nous savons bien que de très belles réussites sont à l’origine de plans B mais elles s’accompagnent et ne se décrètent pas. »

« Plus nous sommes sur des organisations de travail et des contenus de l’emploi riches et permettent la prise d’initiatives, plus nous avons des salariés capables de se projeter. La qualité du dialogue économique et social est aussi la clef. La qualité d’anticipation par rapport à un monde d’incertitude est aussi importante. »

« Notre rôle au niveau national est de rendre possible l’action territoriale. (…). En Occitanie et Nouvelle aquitaine, nous avons même des entreprises de moins de 300 salariés, voire moins de 50 salariés qui s’impliquent dans le projet de transition collective. »

« Rien n’interdit à une entreprise qui a un accord de PSE de mobiliser transition collective pour des salariés qui ne sont pas concernés par le PSE. Aujourd’hui, il y a possibilité d’articulation à condition qu’il n’y ait pas les deux dispositifs à la fois. »

« Les plateformes doivent s’inscrivent dans la durée car elle dépasse la question du dispositif TransCo. C’est l’une des limites de l’appel à la manifestation d’intérêt tel qu’il existe aujourd’hui. Il a été conçu comme une plateforme d’acteurs. Il faut passer à une plateforme de services.

Il y a des paris à faire sur le sens avec la jeunesse. Elle ne va pas se pencher sur l’avenir de l’aviation comme nous. Les compagnons du Devoir, par exemple, nous disaient que les profils des jeunes ne sont pas les mêmes que ceux d’hier. La motivation geste professionnel se confronte à une autre aspiration qui est celle d'être utile à travers d’autres façons de construire des bâtiments, de façon moins consommateur en énergie ou à l'équilibre énergétique. Les aspirations professionnelles vont changer et il faudra être capable de les capter.

Il est aussi légitime de valoriser les compétences acquises par la VAE pour des personnes qui se reconvertissent. Il faut aussi avoir une promesse à la jeunesse sur le fait que la formation qu’ils vont avoir au début de leur vie professionnelle, auront un vrai droit à la reconversion professionnelle. Dans le cas contraire, nous risquons d’avoir un cumul de diplômes pour essayer de se protéger contre les risques de la vie professionnelle. »


Une reprise pas avant 2023 (Donald Fraty)

« Nous retrouverons le niveau 2019 pas avant 2023 pour le segment des lignes A320 et A321 et sur le segment des avions A350, ce ne sera pas avant 2025. Nous avons mis en œuvre un PSE pour plus de 4.200 postes et en comptant les entreprises périphériques de notre activité, nous avons déployé un plan d’adaptation de 5.000 emplois en mobilisant de nombreux outils dont l’APLD. »

« Sur Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire, nous avons eu environ 2.200 départs dont une grande partie en mesure générationnelle. Mais nous avons aussi beaucoup de départs pour des créations d’entreprises avec des projets teintés sur le bien-être, la qualité de la vie. J’ai été surpris par la quantité de projets qui ont émergé et que nous avons évidemment accompagnés financièrement. Nous avons fait notre plan d’adaptation sans aucun départ contraint », indique Donald Fraty, DRH d’Airbus France.


CPF et compétences de demain

« Dans un contexte où nous devons préparer les compétences de demain, l’entreprise a un intérêt à ce que les salariés activent leur CPF sur les compétences dont l’entreprise aura besoin demain. Je n’ai pas d’intérêt en tant qu’entreprise à former les salariés à passer un permis poids lourd. En revanche, j’ai intérêt à faire flécher la consommation vers mes métiers de demain. Nous avons négocié avec les partenaires sociaux un accord de co-investissement qui abonde le CPF chaque fois que le salarié l’utilise pour aller se former vers nos compétences de demain. Il ne faut avoir aucune fausse pudeur. L’enjeu, c’est l’emploi dans l’entreprise.

Pour Philippe Debruyne, secrétaire confédéral CFDT, il faut trouver des équilibres entre le pouvoir d’agir du salarié et les stratégies d’entreprise. Nous sommes en train de construire ces équilibres paritairement. La problématique est posée."