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Salaires: "Un budget d'augmentation médian de 1,8 % en 2022, après 1,45 % en 2021"

En 2021, 85 % des entreprises des 150 entreprises de notre panel ( ETI et grandes entreprises) ont pratiqué des augmentations.
05/08/2021

« Le chiffre de 1,45 % d'augmentation en 2021 n'est cependant pas représentatif de l'effort financier réel des entreprises. La rémunération dépasse de plus en plus la dimension du salaire. Les autres formes de rémunération (intéressement, participation, bonus, primes, dispositifs de retraite) et le temps de travail constituent désormais des variables importantes et différenciantes de la rétribution globale offerte aux des salariés. Ces dispositifs supplémentaires de rémunération ainsi que les conditions de travail s'apprécient ainsi globalement pour évaluer le niveau de rémunération », indique Delphine Landeroin , directrice de projets Performance Sociale - Rémunération & classification chez LHH.

« Dans un contexte beaucoup plus favorable que celui de 2020, 95 % des entreprises prévoient d'allouer des augmentations de salaire en 2022, et les prévisions budgétaires sont en hausse. Le budget d'augmentation médian pour 2022 est de 1,8 %, un chiffre plus en ligne avec la tendance observée avant la pandémie. Il s'agit pour les entreprises de rétribuer avec équité leurs collaborateurs après la période que nous venons de traverser, mais aussi de tenir compte de l'augmentation générale des prix observée avec la hausse de l'inflation. L'industrie et les biens d'équipement font partie des secteurs où l'enveloppe d'augmentation sera supérieure à 1,8 %, et plus proche de 2 % », ajoute Marie Bouny.


Marie Bouny et Delphine Landeroin répondent à News Tank

L'étude sur les mesures d'augmentation 2021 et les prévisions 2022 publiée par LHH en septembre révèle un budget d'augmentation médian de 1,45 % en 2021, un des niveaux les plus bas depuis 10 ans. Comment l'expliquer ?

Marie Bouny : En 2021, 85 % des entreprises des 150 entreprises de notre panel ( ETI et grandes entreprises) ont pratiqué des augmentations. Le budget médian d'augmentation dans ces entreprises a été de 1,45 %, contre 2,2 % en 2019 et 2 % en 2020. Ces chiffres s'expliquent notamment par le fait que les décisions de provisions budgétaires en matière d'augmentation ont été prises en fin d'année 2020. Il y avait alors une forte incertitude pour les entreprises sur les impacts de la crise Covid et les éventuelles perspectives de reprise. D'où une forte prudence dans l'élaboration du budget d'augmentation 2021.


La rémunération dépasse de plus en plus la dimension du salaire »

Delphine Landeroin : Le chiffre de 1,45 % d'augmentation en 2021 n'est cependant pas représentatif de l'effort financier réel des entreprises. La rémunération dépasse de plus en plus la dimension du salaire. Les autres formes de rémunération (intéressement, Tous droits de reproduction réservés URL : http://rh.newstank.fr/fr/ PAYS : France TYPE : Web Pro et Spécialisé 27 octobre 2021 - 16:11 > Version en ligne participation, bonus, primes, dispositifs de retraite) et le temps de travail constituent désormais des variables importantes et différenciantes de la rétribution globale offerte aux des salariés. Ces dispositifs supplémentaires de rémunération et les conditions de travail s'apprécient ainsi globalement pour évaluer le niveau de rémunération.

Marie Bouny : Ces dispositifs sont importants et ils ont un coût. Aussi la marge de manœuvre des entreprises dans les NAO - qui concernent strictement les budgets d'augmentation individuelles et collectives - peut être limitée en raison du développement des périphériques de rémunération négociés dans de nombreux accords : prime de pouvoir d'achat, primes sur objectifs, dispositifs de retraites complémentaires, intéressement, participation. Ces modes de rémunération périphériques sont de plus en plus utilisés par les entreprises. Nous aurons des éléments concrets de chiffrage sur ces éléments dans notre Observatoire rémunération de fin d'année.

Observez-vous des différences selon les secteurs d'activité ?

Marie Bouny : Dans l'ensemble des secteurs, la part de budgets inférieurs à 2020 est similaire (environ 50 %). La proportion de budgets supérieurs varie d'un secteur à l'autre : 25 % pour l'industrie et jusqu'à 30 % pour les entreprises de produits industriels et bien d'équipement. Cette tendance est révélatrice des tensions du marché pour certains métiers et profils de compétences et de la nécessité de mettre en œuvre des mesures de rétention. Si le recul des pratiques s'observe pour l'ensemble des secteurs, les budgets médians diffèrent cependant. Les entreprises industrielles ont un budget de l'ordre de 1,5 %, le secteur tertiaire financier de 1,4 %, et les autres secteurs de 1,6 %.

Delphine Landeroin : Historiquement, le tertiaire financier montrait des budgets d'augmentation supérieurs aux autres secteurs. Ce n'est plus le cas. On observe un tassement des budgets d'augmentation dans ce secteur depuis quelques années, sachant qu'en contrepartie les packages de rémunération en présence sont assez complets et dépassant le cadre des augmentations de salaire. Pour 2021, néanmoins, les budgets sectoriels sont peu différenciés avec 1,5 % dans l'industrie.


Marie Bouny : Les études le montrent, l'industrie est un des secteurs qui peine à recruter en 2021. Dans leurs difficultés de recrutement, les entreprises mettent en exergue le manque de candidats formés. Les conditions de travail sont également évoquées : temps partiel subi, parcours de carrière et rémunération.

L'étude met également en évidence des pratiques qui favorisent de plus en plus les augmentations individuelles …


Marie Bouny : Les mesures individuelles sont prépondérantes, avec un taux médian de 1 % pour les employés/ouvriers et techniciens et agents de maîtrise et de 1,3 % pour les cadres. Les mesures générales sont moindres avec un taux médian allant de 0,6 % pour les cadres jusqu'à 0,9 % pour les employés/ouvriers (0,8 % pour les techniciens et agents de maîtrise). La répartition des augmentations en 2021 se fait donc au profit des augmentations individuelles, quelles que soient les catégories de personnels et les secteurs d'activité.


Delphine Landeroin : Deux éléments de contexte participent à ce constat :

D'une part la prime de pouvoir d'achat peut prendre le pas sur les augmentations générales, ce qui fait que l'augmentation générale n'est plus la seule en mesure de faire progresser le pouvoir d'achat des salariés ;

D'autre part, il y a désormais une volonté des entreprises de cibler les efforts en termes d'évolution salariale vers les catégories de population plus contributives ou plus exposées. Cette tendance se renforce dans un contexte de baisse des enveloppes budgétaires.


Marie Bouny : Les entreprises doivent trouver dans leur politique de rémunération un équilibre entre équité et égalité. L'égalité est favorisée par les augmentations générales et l'équité plaide en revanche pour des augmentations individuelles liées au mérite.


Quelles sont les perspectives salariales pour 2022 ?


Le budget d'augmentation médian pour 2022 est de 1,8 % »

Marie Bouny : Dans un contexte beaucoup plus favorable que celui de 2020, 95 % des entreprises prévoient d'allouer des augmentations de salaire, et les prévisions budgétaires sont en hausse. Le budget d'augmentation médian pour 2022 est de 1,8 %, un chiffre plus en ligne avec la tendance observée avant la pandémie.

Il s'agit pour les entreprises de rétribuer avec équité leurs collaborateurs après la période que nous venons de traverser, mais aussi de tenir compte de l'augmentation générale des prix observée avec la hausse de l'inflation. L'industrie et les biens d'équipement font partie des secteurs où l'enveloppe d'augmentation sera supérieure à 1,8 %, et plus proche de 2 %.

La conjoncture actuelle d'évolution des prix à la consommation et du niveau de l'inflation pourrait néanmoins impacter ces prévisions à la hausse, ce que nous serons à même d'évaluer dans le cadre de notre prochaine enquête flash en fin d'année. Certaines entreprises prennent déjà en compte ce facteur annonçant des mesures dédiées.

Delphine Landeroin : De plus, comme en 2021 au-delà du salaire de base, les entreprises abordent la rémunération dans une logique de package global pour 2022. On trouve ainsi parmi les autres mesures annoncées par les entreprises pour 2022 :

En priorité, les dispositifs de rémunération variable à travers les bonus et primes individuels, mais aussi les dispositifs collectifs d'intéressement ;

En complément du salaire de base, différents types de primes feront l'objet de mesures, classiques ou nouvelles avec notamment les primes de mobilité durable ;

En termes de périphériques, l'abondement et l'actionnariat mais aussi la retraite, contribueront à l'évolution du package des collaborateurs dans les entreprises en 2022 ;

Enfin selon leurs contextes, les entreprises visent des mesures plus spécifiques pour répondre à leurs propres enjeux. L'alignement au marché pour les métiers en tension reste une préoccupation récurrente.

Les politiques et pratiques ainsi envisagées en 2022 en matière de rémunération couvrent de manière assez représentative la palette des dispositifs de rétribution monétaire ou non monétaire. Parmi eux, le télétravail est en cours de consolidation dans les entreprises. Il reste un enjeu majeur pour permettre aux entreprises de stabiliser et équilibrer leur organisation du travail dans un contexte de reprise d'activité post-covid.