En 2025, le contexte économique tendu va peser sur les NAO
Article écrit par Delphine Landeroin directrice de projet rémunération | LHH

Lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier dernier, le Premier ministre François Bayrou a indiqué asseoir désormais ses prévisions sur une hausse des prix de 1,4 % pour l’année.
Résultat : dans un contexte économique morose, marqué par l’incertitude politique, les entreprises font preuve de prudence. Dans le cadre de son Observatoire annuel de la rémunération, le cabinet LHH a recueilli, en ce début janvier, les dernières prévisions d’augmentation pour l’année 2025. Sans grande surprise, la baisse annoncée en 2024 se confirme. Seulement 78 % des entreprises envisagent des augmentations pour cette année. Elles étaient 86 % l’année dernière à la même période. Et 5 % prévoient de ne pas toucher aux salaires.
Les prévisions concernant les enveloppes budgétaires pour les augmentations salariales en 2025 (générales et individuelles) sont ainsi passées de 2,8 % il y a encore quelques mois, à désormais 2,5 %. Pour rappel, ces mêmes augmentations avaient culminé à 4,75 % en 2023, avant de redescendre à 3,5 % l’année suivante. Les entreprises sont désormais moins nombreuses à anticiper une croissance ou une reprise en 2025 (19 %, contre 35 % l’année précédente). Après un phénomène de rétention des effectifs après la sortie du Covid, près d’un quart d’entre elles (23 %) estiment même que la taille de leurs équipes pourrait diminuer dans les mois qui viennent.
Voilà pour la version « à moitié vide ». Mais attention, si l’heure est à la prudence, cela ne signifie pas pour autant que les salariés ne bénéficieront pas de mesures. Cette année encore, les entreprises joueront sur d’autres leviers que les salaires pour faire valoir leur attractivité : à destination des nouveaux collaborateurs, dans le cadre du recrutement ; mais également pour jouer la carte de la fidélité, vis-à-vis de tous ceux déjà intégrés dans les équipes.
Ainsi, près d’un tiers (31 %) des directions projettent de proposer d’autres mesures – extra-salariales donc – pour entretenir un climat social serein. Et garantir ainsi à leurs collaborateurs les bénéfices d’un soutien au pouvoir d’achat. Même si tout le monde ne sera pas forcément logé à la même enseigne. Ainsi, les augmentations générales (privilégiées par sept entreprises sur dix) devraient viser majoritairement les employés et ouvriers. Quand les augmentations individuelles (97 % de ces mêmes entreprises déclarent y avoir recours) viseront elles prioritairement les cadres. Le « côté plein » du verre n’est donc pas à négliger.
Ainsi la Prime de partage de la valeur (PPV), anciennement Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat ou « Prime Macron », qui s’est imposée depuis sa création en 2018 dans les dispositifs utilisés par les directions des ressources humaines. Même si son usage perd peu à peu du terrain. Ainsi, seules 10 % des entreprises auraient l’intention de verser cette année une PPV à leurs salariés, pour un montant moyen estimé entre 800 et 900 euros. Pour rappel, elles étaient encore un quart l’année dernière (mais pour un montant légèrement inférieur, autour de 750 euros), et une bonne moitié en 2023 (pour un millier d’euros versé).
Autres leviers, des mesures en faveur des bas salaires, envisagées pour près d’un quart (23 %) des entreprises. Mais également ciblant l’égalité salariale (pour 26 % d’entre elles), ou encore des catégories de population, comme les jeunes salariés ou les seniors. Dans ces paniers, se trouvent également différentes participations complémentaires, aux frais de repas ou de transports par exemple.
Les entreprises doivent donc aborder cette période de négociations annuelles obligatoires comme une nouvelle opportunité de mettre en avant leurs politiques salariales. A fortiori dans un contexte économique incertain, et alors que la nouvelle directive européenne sur la transparence des rémunérations doit être transposée dans le droit français dès 2026. De quoi renforcer la transparence, l’égalité et l’équité, au bénéfice de l’efficience de l’économie.
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