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Emplois fantômes : Comment perdre ses amis et attiser l’hostilité

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12/06/2024

LHH s’est penchée sur son rapport annuel "Global Workforce of the Future" (le futur de l’emploi salarié) basée sur une enquête menée auprès de 30 000 employés dans 23 pays. Pour contextualiser notre recherche, nous avons voulu regarder au-delà des chiffres pour analyser les dires des répondants par rapport à certains points clés. Notre enquête a montré que de nombreux candidats postulent à des centaines d'offres d’emplois sans jamais recevoir de réponse.

Constat surprenant, car le Job Openings and Labor Turnover Summary (bilan des offres d’emploi et de turnover de la main d’œuvre) publié par le bureau des statistiques d’emploi aux États-Unis fait état de 9 millions de postes à pourvoir à la fin de l'année 2023. Bien que ce chiffre soit inférieur au pic de 12 millions enregistré en mars 2022, il constitue néanmoins un niveau historiquement élevé et suffisamment important pour que les candidats n’aient pas à se livrer bataille.

Naturellement, de nombreux candidats potentiels ont voulu chercher une explication, une enquête qui a atteint son paroxysme l'été dernier lorsqu'un clip posté par l'utilisateur de Tik Tok arizona_allie est rapidement devenu viral et a accumulé plus de 100 000 vues en moins de quinze jours. La vidéo, intitulée "Dites-moi que vous êtes au chômage sans me le dire", comprenait une ligne écrite qui disait "POV : recevoir votre 438e courriel de refus automatique pour un emploi pour lequel vous êtes qualifié, puis le voir réafficher le jour suivant avec plus de 2 000 candidats". Au cours d’une discussion plutôt animée, d'autres utilisateurs de Tik Tok ont partagé des expériences similaires tout en proposant des hypothèses pour tenter d'expliquer ce qui leur arrive. La plupart d'entre elles dépeignaient les employeurs sous un jour très peu flatteur.

Ce phénomène avait déjà été observé auparavant. Une étude réalisée en 2022 par Clarify Capital a tenté d'expliquer la raison pour laquelle les offres d'emploi restent ouvertes sans aucune intention de recruter, alors qu'un message publié début 2023 par Michael Keach sur LinkedIn est devenu viral sur la plateforme. Il s’agissait d’une comparaison faite entre le défi mental que représente le fait d'avoir postulé à plus de 160 emplois sans réponse, et ses 20 années de service militaire. C'est toutefois sur Tik Tok que les emplois fantômes sont véritablement entrés dans les mœurs, notamment auprès de la génération Z, c’est-à-dire les salariés de demain.


Raisons décevantes d'une offre d'emploi fantôme

L'impact sur les individus concernés est souvent dévastateur. Les demandeurs d'emploi ont le sentiment d'avoir échoué alors qu'en réalité, l'employeur n'avait aucune intention de pourvoir le poste ; pire encore, ils subissent la même expérience des centaines de fois. Comme il ne s'agit pas ici de simples données, mais des moyens de subsistance de personnes et de leurs rêves d'avenir, on pouvait espérer que les employeurs avaient de bonnes raisons d'annoncer des emplois fictifs.

Hélas, cela ne semble pas être le cas. L'étude susmentionnée de Clarify Capital a révélé que les trois raisons les plus fréquemment citées sont : "l'entreprise est toujours ouverte aux nouvelles embauches", "le maintien de la motivation des collaborateurs actuels" et "pour donner l'impression que l'entreprise est en pleine croissance". Parmi les autres raisons fréquemment relevées, les organisations souhaiteraient "disposer d'un vivier actif de candidats en cas de turnover de l’effectif" et "rassurer les collaborateurs surchargés de travail".

Si toutes ces raisons mettent en évidence un besoin auquel il faut répondre, aucune ne saurait justifier le préjudice que subissent les demandeurs d'emploi - surtout lorsqu’il existe d’autres moyens de procéder plus efficaces. Par exemple, les employeurs qui veulent présenter une image de croissance devraient revoir leurs stratégies marketing, tandis que ceux qui souhaitent accéder à un vivier de talents devraient s'adresser à un cabinet spécialisé dans ce domaine. Une organisation qui propose des emplois fantômes pour rassurer des salariés surchargés auront sans doute des problèmes de gestion et de processus à résoudre.


Une situation doublement perdante pour les employeurs et les demandeurs d'emploi

Que le phénomène des emplois fantômes soit démoralisant et néfaste pour les demandeurs d'emploi semble évident, mais qu'en est-il de l'impact sur les organisations qui les publient ? Là aussi, le bilan est globalement négatif. La plupart des responsables qui affichent ces offres d'emploi connaissent sans doute la vieille maxime commerciale selon laquelle un client mécontent parlera de son expérience à 9 ou 10 amis (un nombre qui est en fait beaucoup plus élevé à l'ère des médias sociaux), mais ils n’appliqueront pas cette même logique à leur image de marque d'employeur. Le phénomène des emplois fantômes fait déjà l'objet d'un vaste débat en ligne de la part des personnes affectées, qui, prises par une frustration croissante et la volonté d’avertir les autres candidats, sont de plus en plus disposées à "nommer et dénoncer" les entreprises qu'elles estiment responsables.

Les employeurs qui ont recours à cette pratique risquent donc de se retrouver dans la situation de "l’arroseur arrosé" : s’ils ont un poste à pourvoir d'urgence, les candidats potentiels avertis penseront qu'il s'agit d'un emploi fantôme. Même s'ils parviennent à surmonter ce frein, ils verront bien que les candidats se sont forgés une opinion négative de l'entreprise à la suite d'une expérience antérieure avec un emploi fantôme.

L'essor des emplois fantômes jette également un éclairage nouveau sur l'un des récits de recrutement dominants de ces dernières années. L’année dernière, la journaliste Chloe Berger (Fortune) a souligné que la « grande démission » de 2021 était largement alimentée par les indicateurs JOLTS du bureau des statistiques de la main d’œuvre, qui indiquaient plus de 10 millions de postes à pourvoir pendant plusieurs mois consécutifs. Il est impossible de savoir combien de ces postes étaient en fait des emplois fantômes, mais le récit de la "grande démission" a poussé de nombreux individus à se mettre à la recherche d'un nouvel emploi au lieu de se contenter de leur poste actuel. De nombreux employeurs ont perdu des collaborateurs qu'ils voulaient garder pendant la « grande démission » ; il est possible que ceux d'entre eux qui affichent des listes d'emplois fantômes soient devenus, du moins en partie, les artisans de leur propre malheur.


Emplois fantômes : Le point de vue de LHH

Bien évidemment, LHH considère les offres d'emploi fantômes comme une pratique néfaste qui a surtout des conséquences négatives sur les demandeurs d'emploi, les collaborateurs, les entreprises et même l'économie dans son ensemble. Nous conseillons à tout employeur qui s'adonne à cette pratique de chercher d'urgence d'autres options.

Nous avons été particulièrement alarmés par la pratique consistant à utiliser des offres d'emploi fantômes pour constituer un vivier de candidats, une méthode parfaitement inefficace et potentiellement très risquée. Bien menée, la constitution d'un vivier de candidats est un dispositif continu et sans fin ; il faut veiller à ce que les données personnelles des candidats soient traitées conformément à la législation pertinente, telle que la loi californienne sur les droits à la vie privée et le règlement général sur la protection des données (RGPD) de l'Union européenne, ce dernier s'appliquant à toutes les organisations qui opèrent au sein de l'UE, quel que soit le domicile de l'entreprise. Les sanctions en cas de violation de cette législation peuvent être très lourdes - par exemple, les violations les plus graves au RGPD sont passibles d'amendes pouvant atteindre 20 millions d'euros ou 4 % du chiffre d'affaires annuel mondial de l'entreprise pour l'exercice précédent (le montant le plus élevé étant retenu).

Compte tenu de ce niveau de risque lié au traitement incorrect des données personnelles, nous conseillons vivement à toute organisation adoptant cette approche de faire appel à des prestataires spécialisés. Ceux-ci assurent l'accès à des viviers mondiaux des meilleurs talents tout en gérant les questions de conformité au nom de votre entreprise.

Malgré la prolifération des offres d'emploi fantômes, notre étude montre néanmoins que les individus restent confiants dans leur capacité à trouver un emploi. Pour plus d'informations et d'autres points de vue, consultez notre étude sur la l’emploi salarié du futur (Global Workforce of the Future).

Pour découvrir comment LHH peut vous aider à accéder à des informations actualisées sur le marché et à des viviers de talents sans avoir à publier des offres d'emploi fantômes, contactez-nous.