Skip To Main Content

JO de Paris, il est urgent… d’anticiper !

27/05/2024
Anne-Laure Smaguine
Expert LHH en organisation du temps de travail

La date a beau être connue depuis longtemps, rares sont les entreprises à avoir communiqué clairement sur la façon dont le travail s’organisera durant les JO de Paris. Et pourtant, entre laissez-passer à demander pour franchir les zones dédiées aux épreuves, transports saturés, circulation infernale et risques sécuritaires, cet été olympique risque de se transformer en saut de haies pour les salariés. Du 26 juillet au 8 septembre, près de 15,3 millions de visiteurs sont attendus sur le territoire francilien. Soit deux fois plus qu’habituellement. Face à l’angoisse de voyager dans des transports saturés, sur des routes encombrées ou de devoir trouver des chemins de traverse pour contourner les stations de métro fermées, il est indispensable de rassurer les équipes à moins de deux mois du début des épreuves.

L’enjeu central est celui de la continuité de l’activité. Mais les questions d'organisation du travail, à la lisière de la vie privée et professionnelle, restent sensibles. Bien que les JO s’étalent sur une période assez courte, ils vont fortement perturber le quotidien des salariés : la garde des enfants, les activités extra-scolaires, les vacances en famille, les sorties… Toute la logistique mise en place pour gérer le quotidien risque de voler en éclat le temps de quelques semaines. Ce sont autant d’irritants à ne pas négliger. D’où la nécessité d’expliquer, dès maintenant, le plan de marche retenu.

Les dirigeants, RH et managers doivent analyser les impacts, positifs ou négatifs, des JO pour chaque service, afin de prévoir les restrictions de circulation, la sur-fréquentation dans les transports et envisager la poursuite de l’activité, en concertation avec les partenaires sociaux. Ces échanges peuvent être aussi utiles pour prendre le pouls des équipes. Pour les aider, le guide du ministère du Travail publié le 23 avril fournit quelques pistes utiles.

D’abord, le télétravail. Dès le mois de février, les autorités ont incité chacun à le privilégier pour désengorger les transports publics notamment aux heures de pointe ou sur les tronçons les plus fréquentés. “Prière de rester chez vous” : c’est en gros le message que l’Etat et la Région Ile-de-France cherchent à faire passer.

Mais, conscient que les salariés ne peuvent pas tous modifier le lieu d'exécution de leur travail et que certaines tâches doivent être accomplies en présentiel, le mode d’ordre se veut avant tout incitatif : le travail à la maison demeure une option parmi d’autres, propre à chaque entreprise et chaque salarié. Le “tous en télétravail” qui a joué durant le Covid 19 n’a plus cours. En clair, il n’y aura pas de confinement olympique ! Nombre d’entreprises veulent à tout prix éviter de créer une rupture d’équité entre ceux qui pourront télétravailler et donc, profiter d’une organisation du travail plus douce. Et les autres qui devront galérer durant tout l’été.

Depuis la pandémie, les accords de télétravail se sont assouplis : il s’agit moins de suivre le principe du “deux jours ou rien” mais de s’inscrire davantage dans un quota de homeoffice sur lequel les salariés disposent d’un droit de tirage sur le trimestre voire sur l’année. Dans cette configuration, les directions peuvent autoriser les salariés qui le souhaitent à travailler à distance pendant les Jeux olympiques et paralympiques tout en leur demandant de revenir plus souvent en présentiel avant et après l'événement sportif pour compenser leur absence au bureau. Le montant des indemnités journalières de télétravail ne sera alors pas fortement augmenté prorata temporis.

Si le télétravail est difficile voire impossible à organiser, d’autres solutions existent : aménager les horaires de travail, en début ou fin de journée, avec des départs décalés ; maximiser la prise de congés payés et de RTT entre fin juillet et mi-août, surtout si l’activité risque d’être fortement impactée par les JO. Le but étant de préserver la qualité de vie au travail. Et d’offrir une certaine sérénité à tous. Ensemble, dépassons-nous, comme le ferait un athlète de haut niveau en quête de médailles !